29 avril 2016

[INTERVIEW] w/ LOYLE CARNER


C'est l'histoire de Ben Coyle Larner. Jeune sud-londonien dans la vingtaine à l'enfance pas la plus heureuse, vouant un culte à Eric Cantona, la poésie et au théâtre, un homme au capital sympathie dépassant l'entendement et au flow inimitable, voici l'interview de Loyle Carner.
Avant son show dans un Pop-Up du Label plus que plein, nous avons eu la chance de parler Hip Hop, Shakespeare et Roland Emmerich avec la relève du spoken word à l'anglaise.

ALIAT : Tu as commencé à écrire et à composer jeune, qu'est-ce qui t'as poussé vers le rap?

Loyle Carner : Je pense que c'était une évolution naturelle venant de la poésie, quand j'ai grandi, j'ai trouvé que c'était une manière plus naturelle, plus ouverte de s'exprimer et une plateforme plus facile.

Sur quoi tu rappais à l'époque?

Quand j'étais plus jeune, je parlais à peu près des mêmes choses que maintenant. En fait un des premiers trucs que j'ai écrit était un truc sur mon meilleur ami, qui est mort quand j'avais 9 ans. J'avais écrit un poème sur ça, je l'avais fait pour moi, je le fais toujours mais je me suis dit que j'étais capable de le lire devant tout le monde, je voulais que les gens l'entendent.

Maintenant les termes Rap et Hip Hop sont un peu galvaudés, beaucoup de tracks ressemblent plus à du r'n'b ou de la pop. Mais quand on écoute ce que tu fais, on retrouve la vibe des années 90, une prod profonde et propre. Tu as senti le besoin de revisiter le style old school?

Je ne sais pas si c'est « revisité » mais j'essaye de créer quelque chose en m'inspirant de la musique des années 90. C'est un très beau son, très sensible, et je sais que j'ai besoin d'en écouter pour pouvoir créer quelque chose, mais quelque chose de nouveau.



Ta musique ressemble à un échange à coeur ouvert avec le public, tu ne ressens aucune gêne parfois en montant sur scène?

Avant je pouvais. Quand je jouais dans des festivals ou en première partie, j'avais peur de m'ouvrir, en même temps ça fait partie du jeu et j'aime ce tout. Maintenant c'est plus facile, je suis tête d'affiche, les gens viennent m'écouter, je sais dès le départ qu'ils apprécieront ma musique.

Ces deux dernières années sont allées vite pour toi : une collab avec Kate Tempest, en tournée avec Joey Bada$$ et tu es toi même souvent en tournée. Tu trouves le temps pour composer ?

Ouais j'en ai, on n'en a jamais assez mais j'en ai un peu. En ce moment je travaille sur mon album, ce qui me prend beaucoup de temps, mais ce qui veut dire que je le fais sérieusement ! J'ai tout de même le temps de sortir de nouveaux sons, d'ailleurs il y en a un qui sort mardi 26 avril ! Finalement j'arrive à trouver un certain équilibre et en étant sur scène je me crée une nouvelle expérience, je rencontre beaucoup de personnes. Ça me donne matière à écrire aussi !



Tu es souvent présenté dans les interviews comme le "poète triste", cette image te convient?

Oui, je crois. J'ai toujours eu l'impression que quand t'étais énervé ou triste tu avais envie d'écrire pour pouvoir surmonter cet état, c'est la raison pour laquelle je compose. Alors que quand tu es joyeux, tu as juste envie de profiter de la vie, tu n'as pas besoin de quelque chose pour surmonter ton bonheur.

Tu vas rire, mais j'ai vu sur ta page Wikipédia, que tu avais joué un petit rôle en 2008 dans le film 10 000 BC de Roland Emmerich, ton rêve au début, c'était de devenir acteur?

Ah ! Je ne savais pas que j'avais une page Wikipédia ! Ca défonce ! Oui et ça l'est toujours un peu, toute ma vie j'ai joué, j'adore ça, j'ai toujours été un grand fan de Shakespeare et Tchekov. J'étais très timide à l'école, et puis je suis allé dans une école d'art dramatique de 14 à 18 ans. Finalement je pense que rapper et jouer, c'est un peu la même chose, c'est de la littérature, tu racontes une histoire. Mais dans le rap c'est mon histoire. Après j'adorerais jouer dans une pièce mais on ne peut pas tout faire, aujourd'hui je dois jouer ici, on verra après.

Quel était ce rôle?

J'étais un jeune du tribu, je jouais le rôle d'un personnage principal quand il était petit. Je devais avoir, genre, une réplique ! J'avais 13 ou 14 ans, le rêve devenait réalité, j'étais une superstar pour mes copains, je suis allé à la première en costume, c'était très sympa !



Intéressante anecdote ! Sinon j'ai entendu tes collaborations avec Tom Misch récemment, c'est incroyable. Vous êtes amis dans la vie ?

Oui il m'a contacté par Facebook après la sortie de mon premier EP il m'a dit qu'on vivait plus ou moins dans le même quartier, au sud de Londres. En plus on avait des amis en commun du coup on a un autre truc qui sort le mois prochain ça va être génial.



Il joue en juin au festival Majestic Casual à Paris!

Ah c'est génial ! J'essaierai de venir le voir !

En ce moment il y a plein de choses qui se tournent autour du hip-hop, boom bap, tu as foi en ce renouveau ?

Ouais c'est sur que maintenant grâce à SoundCloud ça paraît tellement plus simple. Tu n'as même plus besoin de salle d'enregistrement, de label. Juste d'une connexion internet, d'un ordinateur et d'une bonne musique. C'était plus facile pour moi de balancer des morceaux et essayer de me faire connaître, tu vois ?

Il y a de plus en plus de personne qui écoute du hip-hop en ce moment !

Oui carrément, maintenant ce n'est plus que le hip-hop américain mais les anglais, les français le reste du monde s'y met, c'est facile à trouver et ça évolue très bien.

Dans BFG tu as samplé Ariel Pink samplant "Baby" de Donnie & Joe Emerson, c'est une track importante pour toi ?

Oui c'est une de mes chansons préférées. J'ai d'abord entendu la version de Ariel Pink et j'ai cherché l'originale. Depuis je l'adore, ils ont une histoire intéressante, ils ont mis du temps à percer et finalement ne savent pas à quel point ils sont connus.





Maintenant on à hâte de te voir en live, pas trop stressé ?

Un peu nerveux mais je suis excité en même temps, je sais qu'il y aura plein de monde donc c'est cool ! Car parfois tu joues mais tu sais pas trop qui il y aura, c'est pas toujours évident.

En plus ce soir c'est spécial car c'est une petite salle de moins de 200 personnes ! C'est super intime et on pense que c'est l'endroit idéal pour te voir en concert. Ca change des grandes salles ou des festivals.

C'est vrai, on va pouvoir établir une connexion avec le client. Le problème quand les gens commencent et deviennent connus trop vite, c'est qu'ils jouent dans des grandes salles alors que t'as plus besoin d'être proche de ton audience, prendre ton temps et parler aux gens. J'ai envie de regarder les gens quand je rap et leur parler, leur raconter mon histoire.




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ALIAT