11 avril 2016

[INTERVIEW] w/ SG LEWIS

©Cécile Lienhard

On a rencontré le jeune et talentueux producteur anglais SG Lewis lors de son passage à l'opening du Pitchfork 2015 en octobre dernier. Il passait la semaine dernière à L'Olympia pour une deuxième fois au festival The Sound You Need ! Sa notoriété n'a cessé d'évoluer depuis l'apogée de son titre 'Warm' et la scène house/chill semble ne plus pouvoir se passer de ses remixes. Un jeune homme talentueux qui a les pieds sur terre en plus d'être doté d'une belle vision de l'avenir et d'une gentillesse à toute épreuve.


ALIAT : On va commencer par parler de ta musique, j'ai découvert ton travail il y a déjà quelques mois sur des grosses chaînes YouTube comme TheSoundYouNeed, il y a pire pour commencer !

SG Lewis : Oui c'est fou, au départ tu fais ta musique dans ta chambre et avant même que ta première chanson passe à la radio, à partir du moment ou une de tes chansons est sur une plateforme comme ça beaucoup de personnes vont écouter ce que tu fais. C'est un véritable tremplin et ça aide beaucoup.


ALIAT : C'est sur que c'est important pour les artistes d'être sur ces chaînes aujourd'hui. Aussi, tu es un peu différent des autres producteurs de musique électronique, on a l'impression que tu as besoin de mettre un peu de Soul dans tes productions. Tu as toujours perçu ta musique comme cette rencontre ?

SGL : Effectivement, j'ai toujours voulu lier les différents styles de musique que j'écoute. D'un côté, j'adore la musique électronique et de l'autre, j'ai toujours écouté les chanteurs comme Bon Iver et tout. J'ai joué de la guitare pendant pas mal de temps et quand j'écoutais ce genre de chansons je me disais qu'il fallait que j'apporte ce son particulier dans l'électro, en introduisant des «vrais instruments» par exemple.


ALIAT : On a l'image du producteur de musique électronique qui reste derrière ses platines à pousser quelques boutons pendant des heures, mais pour toi ça semble important de faire un vrai live avec tous tes instruments.

SGL : Absolument, je pense que je me situe au point de rencontre de la musique de songwritter et de l'électro du coup quand je dois jouer ma musique en live je le fais avec deux autres gars de mon groupe qui savent jouer de beaucoup d'instruments et on essaye de jouer un maximum de morceaux. C'est un vrai défi parce qu'au lieu de jouer le morceau exactement comme il a été enregistré, on peut le recréer et s'amuser, c'est excitant.


ALIAT : Tu es entrain de travailler sur un nouvel album pour l'été prochain, ça sera le même mood, avec d'autres chanteurs ?

SGL : Oui j'ai commencé à travailler un petit peu, j'ai des idées en tête mais je suis sûr que je vais avoir le temps de changer d'avis pas mal de fois ! Ce que j'ai en tête c'est bien sûr des morceaux, des collaborations mais aussi de belles instrumentales. Je veux que ce soit comme un voyage, que l'auditeur passe par plein d'émotions différentes. Je ne veux pas simplement une collection de singles qui n'ont pas grand chose à voir les uns avec les autres.


ALIAT : C'est la première fois que tu joues à Paris ?

SGL : J'avais déjà fait un Dj Set au premier festival de TheSoundYouNeed, c'était génial ! Il y avait plein de Djs et en plus c'est un festival qui est très suivi, donc il y avait énormément de monde. Quand t'es DJ, une grande part de ton activité c'est jouer dans des clubs pour faire danser les gens et j'adore ça ! Mais aujourd'hui c'est un défi différent de jouer en live, tu joues ta propre musique, le risque est plus grand, tu te mets à nu.

©Cécile Lienhard


ALIAT : Tu joues au Badaboum, c'est un des clubs les plus cool de Paris, il y a beaucoup de producteurs indés qui y jouent, comme Mura Masa qui passe juste après toi !

SGL : Oui ça a l'air d'être génial comme endroit ! En plus je suis un grand fan de ce que fait Mura Masa, j'espère qu'on pourra se rencontrer personnellement ce soir !




ALIAT : Comment as-tu réagi quand tu as appris que t'allais faire l'opening d'un gros festival comme le Pitchfork ?

SGL : J'avais déjà regardé des vidéos de James Blake et de Caribou que j'adore et qui avaient fait l'opening l'année dernière. J'ai dû regarder une cinquantaine de fois la prestation de James Blake en live, je suis un gros fan de sa musique. Je suis très content de jouer pour le Pitchfork, j'adore ce festival, en plus j'ai pas l'impression que ma musique soit à des milliers de kilomètres du reste du line up, c'est un peu un mix de tout ce qu'on peut y trouver.


ALIAT : En 2012, le monde découvre Disclosure avec le remix de Jessie Ware « Running » qui est devenu un tube. L'hiver dernier tu as aussi remixé Jessie Ware avec «You & I Forever», tu penses qu'elle est la clé du succès ? Car je te souhaite la même carrière que Disclosure !

SGL : (rires) Merci ! Disclosure, Jessie Ware et moi-même faisons parti du même label, du coup on a le même genre de son, le son de PMR. Je crois que Jessie a été une des premières à signer dessus, elle a une voix incroyable et n'hésite pas à donner de nouvelles opportunités à de jeunes artistes. Donc j'étais super content à l'idée de la remixer, même si j'étais un peu intimidé et comme tu l'as dit, elle a une voix très connue et Disclosure a déjà fait l'exercice avant moi !



ALIAT : Comment en es-tu arrivé à remixer Jessie Ware ? Comment s'est passé ta rencontre avec PMR ? 

SGL : Quand je les ai rencontrés, c'était au moment où ils avaient commencé à montrer de l'intérêt à mon égard. J'étais plus ou moins dans l'attente d'un contrat, je savais pas du tout ce qui allait se passer et là, ils me proposent de remixer Jessie. J'étais persuadé que c'était un test, j'étais super motivé. Ils m'ont envoyé le son vers 10h du matin, j'ai bu quatre cafés et je leur ai renvoyé le remix vers 15h ! Ils étaient un peu étonnés ! Normalement je mets plus de temps mais là c'était l'effervescence.

ALIAT : Revenons aussi sur le fait que tu as remixé directement le featuring Disclosure et Lorde, comment on en arrive à remixer Disclosure avec un tel succès ?

SGL : Par l'intermédiaire de PMR j'ai pu les rencontrer à Londres. On habite pas très loin, on sort aux mêmes endroits, ils sont adorables et on a fini par devenir copains. C'était plutôt logique que je prenne un son dans leur album à retravailler. Ils m'ont proposé de remixer un de leur titre, j'ai vu qu'il y avait un morceau avec Lorde (j'avais adoré Magnets). Mais alors que le remix de Jessie ne m'avait pris que quelques heures, là ça été plus compliqué parce que j'ai mis longtemps à être satisfait de mon travail. À chaque fois que j'essayais, je me disais « C'est pas assez bien » mais je voulais pas les faire attendre trop longtemps alors je me suis dit « Ok, essaye une dernière fois » et ça m'a plu. Après l'accueil a été génial, ça a eu un succès dingue sur SoundCloud en peu de temps, c'était la première fois qu'un morceau que je postais partait aussi fort!




ALIAT : J'ai lu dans une interview donné à RedBull que tu avais entendu Pharell Williams dans son émission de radio, avec Justin Timberlake et Cara Delevingne en invités, passer un de tes morceaux, ça doit être dingue !

SGL : Ouais c'est hallucinant ! Je savais qu'ils allaient passer un morceau de moi alors on s'est assis dans la cuisine avec mon père et ma mère et j'ai cru être en train de rêver. On peut pas s'imaginer ce que ça fait. Quand j'étais plus jeune c'était mes producteurs préférés ! J'aime aussi ce qu'ils font maintenant bien sûr... Mais les entendre discuter de ma musique c'était incroyable!

ALIAT : Il nous reste peu de temps, tu connais Kartell le producteur parisien qui a fait un remix de "No Less", on sent que tu es assez proche de l'empreinte du label Roche Musique, tu aurais pu en faire partie ! Qu'en penses-tu ?

SGL : Effectivement, je suis un gros fan de Kartell : lorsqu'on a proposé à des artistes de remixer, je me disais que si je pouvais choisir, je le prendrais lui, mais je ne pensais pas qu'il accepterait. J'aime beaucoup le travail du label Roche Music et la plupart de leurs artistes, j'en ai rencontré quelques uns au moment où je commençais et ils sont tous très sympas.



ALIAT : Pour finir, sache qu'on est jaloux de ta playlist Spotify « Chill and Relaxing Songs » parce qu'on voulait te demander quels morceaux écouter pour se tenir au chaud cet hiver ! Quels sont tes recommandations du moment ?

SGL : J'adore Majid Jordan qui signe sur le label de Drake (OVO) et l'album « Portraits » de Maribou State. Ce sont vraiment de très bons artistes, j'aurais bien envie de les voir en live, car j'en suis vraiment fan !





Propos recueillis par Faustine et Bastien
Photos : Cécile Lienhard

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